Page:Scott - Le Pirate, trad. de Defauconpret, Librairie Garnier Frères, 1933.djvu/12

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n’aurait pas donné tant d’embarras si on lui avait garanti qu’il ne serait pas pendu avec des chaînes.

On dit que la jeune personne dont Gow avait gagné la tendresse se rendit à Londres pour lui parler avant sa mort, et qu’étant arrivée trop tard elle eut le courage de demander à voir son cadavre, lui toucha la main, et reprit ainsi la foi qu’elle lui avait donnée. Si elle n’avait accompli cette cérémonie, elle aurait, d’après les idées superstitieuses de son pays, reçu la visite de l’esprit du défunt, dans le cas où elle aurait fait à un autre le serment qui la liait à lui. Cette partie de la légende peut servir de commentaire au conte de la charmante ballade écossaise qui commence ainsi :


À la porte de Marguerite
Un esprit vint pendant la nuit, etc.


La relation de cet événement ajoute que M. Fea, cet homme plein de courage, grâce aux efforts duquel Gow avait été arrêté dans sa carrière de crimes, bien loin d’en être récompensé par le gouvernement, ne put même obtenir aucune protection dans une foule de procès injustes qu’intentèrent contre lui les avocats de Newgate agissant au nom du capitaine et de ses complices. Ces poursuites vexatoires, les dépenses qu’elles lui occasionnèrent, le ruinèrent, lui et sa famille, et le rendirent un exemple mémorable pour tous ceux qui, à l’avenir, voudront se mêler d’arrêter les pirates de leur autorité privée.

Pour l’honneur du gouvernement de George Ier, il faut supposer que cette dernière circonstance, de même que les dates et les autres détails de cette histoire, sont inexacts, puisqu’ils ne peuvent se concilier avec la narration véridique qu’on va lire, narration rédigée sur des matériaux qui n’ont été accessibles qu’à


L’Auteur de Waverley.


Ce 1er novembre 1821.