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Introduction

sa misanthropie en ce qu’elle lui donnait des moyens plus nombreux d’inspirer la terreur et d’exercer sa méchanceté. Mais déjà, depuis trente ans, la peur des sorciers avait considérablement diminué même dans les cantons les plus sauvages de l’Écosse.

Davie Ritchie affectait de s’enfoncer dans les lieux les plus solitaires, surtout dans ceux que l’on croyait fréquentés par les esprits, et il se faisait un grand mérite du courage qu’il montrait dans ces occasions. Il est sûr qu’il courait peu de chance de rencontrer un être qui fût plus effrayant que lui-même ; mais au fond, il était superstitieux ; aussi avait-il planté an grand nombre de frênes autour de sa cabane comme une protection assurée contre la nécromanie ; c’est aussi, sans doute, pour la même raison qu’il ordonna que l’on en mît autour de sa tombe.

Nous avons dit que Davie Ritchie aimait les objets de beauté naturelle. Ses seuls favoris vivants étaient un chien et un chat, auxquels il était singulièrement attaché, et ses abeilles, dont il avait le plus grand soin. Dans les dernières années de sa vie, il prit avec lui une de ses sœurs qu’il logea dans une hutte attenante à la sienne, mais à qui il ne permit jamais d’entrer chez lui. Elle était faible d’esprit, mais non difforme dans sa personne ; simple, ou plutôt bête, mais non d’un caractère bourru et fantasque comme son frère. Davie n’eut jamais une grande affection pour elle, ce n’était pas dans son caractère, mais il l’endurait. Ils fournissaient à leurs besoins par la vente du produit de leur jardin et de leurs ruches, et dans les derniers temps ils obtinrent une petite pension de la fabrique de la paroisse. Au fait, dans l’état de simplicité patriarcale où se trouvait alors le pays, ceux qui étaient dans la position de Davie et de sa sœur étaient surs de trouver des secours. Il ne s’agissait que de s’adresser aux premiers propriétaires et fermiers un peu à leur aise, qui étaient toujours disposés à sub-