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Visite à Westburnflat

cela ? Mais c’est votre affaire. Un homme seul ne peut défendre une tour contre vingt. Tous les hommes des Mearns[1] ne font pas plus qu’ils ne peuvent[2].

— C’est un mensonge abominable, dit Isabelle ; il m’a enlevée avec violence des bras de mon père.

— Peut-être a-t-il l’intention de vous le faire croire, ma petite, répliqua le brigand ; mais ce ne sont pas mes affaires ; il en adviendra ce qui pourra. Vous ne voulez donc pas me la rendre ?

— Vous la rendre, misérable ! assurément non, répondit Earnscliff ; je protégerai miss Vère, et je l’escorterai jusqu’à l’endroit où il lui plaira que je la conduise.

— Oui, oui ; peut-être tout cela est-il déjà convenu entre vous deux, dit Willie de Westburnflat.

— Et Grâce ? » reprit Hobbie en se dégageant du milieu de sas amis, qui lui rappelaient la sainteté du sauf-conduit sur la foi duquel le flibustier s’était hasardé à sortir de sa tour. « Où est Grâce ?» Et il se précipita sur le maraudeur, le sabre à la main.

Westburnflat, ainsi pressé, s’écria : « Pour l’amour de Dieu ! Hobbie, écoutez-moi un instant. » Et se tournant tout à coup, il se mit à fuir. Sa mère tenait la grille entr’ouverte ; mais Hobbie porta un coup si violent au flibustier, au moment où il entrait, que le sabre, fit une fente considérable au linteau de la porte voûtée ; on la montre encore aujourd’hui, comme une preuve de la force extraordinaire de ceux qui vivaient dans les anciens temps. Avant qu’Hobbie eût pu porter un second coup, la porte fut fermée et mise à l’abri de toute attaque, et il fut obligé de retourner vers ses compagnons, qui se préparèrent à lever le siége de Westburnflat. Ils insistèrent pour qu’il les accompagnât dans leur retraite.

  1. Province d’Écosse. A. M.
  2. C’est-à-dire, « leur bravoure doit céder au nombre. » A. M.