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Grâce retrouvée

Hobbie ; il est dans le Heart of Mid-Lothian, pour mille marcs qu’il a empruntées de Saunders Wyliecoat, le procureur.

— Le pauvre homme ! s’écria mistress Elliot ; ne pourrions-nous lui envoyer quelque chose, Hobbie ?

— Vous oubliez, grand’mère, vous oubliez que nous avons nous-mêmes besoin de secours », dit Hobbie avec un peu d’humeur.

« Ce n’est que trop vrai, mon enfant, dit la bonne dame ; justement dans ces moments-là il est si naturel de songer à ses parents plutôt qu’à soi-même ! Mais le jeune Earnscliff.

— Il n’a que peu de chose à lui, dit Hobbie, et il a un nom si onéreux à soutenir, que ce serait une honte d’avoir recours à lui dans notre détresse. Mais je vous dirai, grand’mère, qu’il est inutile de tant nous occuper de nos parents, de nos proches et de nos alliés, comme s’il y avait un charme attaché à leurs noms qui pût nous procurer quelque avantage ; ceux qui sont devenus riches nous ont oubliés, et ceux de notre rang n’ont que le strict nécessaire ; nous n’avons pas un seul ami qui puisse ou qui veuille rétablir la ferme comme elle était.

— Alors, Hobbie, dit la grand’mère, il faut mettre notre confiance dans celui qui peut faire sortir des amis et de la fortune du Moor le plus stérile, comme on dit.

Hobbie se leva à l’instant. « Vous avez raison, s’écria-t-il, vous avez raison. Je connais un ami sur le Moor stérile, qui peut et qui veut nous secourir. Les événements me l’avaient totalement fait oublier. J’ai laissé, ce matin, au Mucklestane-Moor assez d’or pour rebâtir deux fois la ferme de Heugh-Foot et la garnir de bétail et d’instruments, et je suis sûr qu’Elshie ne s’opposera pas à ce que nous en fassions usage.

— Elshie ! » dit la grand’mère étonnée ; « de quel Elshie voulez-vous parler ?