Il tira son épée ; sir Frédéric et plusieurs autres en firent autant, et se préparèrent à charger ceux qui s’avançaient vers eux ; mais le plus grand nombre hésita.
« Ils viennent à nous paisiblement et en parfaite sécurité, dit Mareschal-Wells ; écoutons d’abord ce qu’ils nous diront de cette affaire mystérieuse. Si miss Vère a souffert la moindre insulte ou la moindre injure de la part d’Earnscliff, je serai le premier à en tirer vengeance ; mais sachons avant ce qu’il en est.
— Vos soupçons me font tort, Mareschal, continua Vère : vous êtes le dernier de qui je me serais attendu à les entendre.
— Vous vous faites tort à vous-même, Ellieslaw, par votre violence, quoique la cause puisse vous servir d’excuse », répliqua Mareschal.
Alors il s’avança un peu à la tête de la troupe, et dit à haute voix : « Arrêtez, monsieur Earnscliff, ou bien, vous et miss Vère, avancez seuls à notre rencontre. On vous accuse d’avoir enlevé cette demoiselle de la maison de son père, et nous sommes ici en armes prêts à verser notre sang le plus pur pour la délivrer, et pour faire punir suivant les lois ceux qui l’ont insultée.
— Et qui le ferait plus volontiers que moi, monsieur Mareschal », répondit Earnscliff d’un ton de hauteur ; « moi, qui ai eu, ce matin, la satisfaction de la délivrer du donjon où je l’ai trouvée enfermée, et qui l’escorte maintenant jusqu’au château d’Ellieslaw.
— La chose s’est-elle passée ainsi, miss Vère ? dit Mareschal.
— Oui », répondit vivement Isabelle. « Pour l’amour de Dieu ! remettez vos épées dans le fourreau. Je jure, par tout ce qu’il y a de plus sacré, que j’ai été enlevée par des brigands, dont les personnes et les projets m’étaient également inconnus,