Page:Scott - Le nain noir, Le miroir de ma tante Marguerite, trad Montémont, 1916.djvu/170

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merais mille fois mieux que vous ignorassiez, je dois vous informer qu’il ne veut accepter d’autre, rançon que la possession de votre main, ce soir même, avant minuit.

— Ce soir, monsieur ? » dit la jeune personne saisie d’horreur, en entendant une pareille proposition ; « et à un homme comme celui-là ! À un homme, ai-je dit ! à un monstre qui voudrait obtenir la fille en menaçant la vie du père ! c’est impossible.

— Vous avez raison, mon enfant, répondit son père, cela, est effectivement impossible, et je n’ai ni le droit, ni le désir d’exiger de vous un pareil sacrifice. Il est dans l’ordre de la nature que les vieillards meurent et soient oubliés, et que les enfants vivent et soient heureux.

— Mon père mourrait, et sa fille aurait pu le sauver ! dit Isabelle. Mais non… non, mon cher père, pardon, c’est impossible ; vous ne cherchez qu’à m’amener à vos vues ; je sais que vous avez pour but ce mariage que vous croyez devoir faire mon bonheur, et vous ne m’avez fait cet épouvantable récit que pour influencer ma conduite et vaincre ma répugnance.

— Ma fille », répliqua Ellieslaw d’un ton de voix dans lequel l’autorité blessée semblait devoir être aux prises avec la tendresse paternelle, « ma fille me soupçonne d’inventer une fable pour influencer ses sentiments ! Mais il faut que je souffre encore ceci ; et il faut que je descende jusqu’à me laver de cet indigne soupçon. Vous connaissez l’honneur sans tache de votre cousin Mareschal. Remarquez bien ce que je vais lui écrire, et vous jugerez, d’après sa réponse, si le danger dans lequel je me trouve n’est pas réel, et si je n’ai pas fait usage de tous les moyens possibles pour le détourner. »

Il s’assit, écrivit à la hâte quelques lignes qu’il présenta à Isabelle, qui, après plusieurs efforts pénibles, parvint à sécher ses larmes et à calmer son