Page:Scott - Le nain noir, Le miroir de ma tante Marguerite, trad Montémont, 1916.djvu/174

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— Soit, ma chère enfant ; vous n’éprouverez aucune contrariété qu’il soit en mon pouvoir d’empêcher. Ne jugez pas trop sévèrement la conduite de sir Frédéric par ce qu’il fait à présent, c’est l’excès de sa passion qui l’y entraîne. »

Isabelle fit avec la main un signe d’impatience.

« Pardon, Isabelle, dit M. Vère, je te laisse. Que le ciel te bénisse ! Si vous ne me faites pas appeler plus tôt, à onze heures je viendrai vous prendre. »

Lorsqu’il fut parti, elle se jeta à genoux. « Que le ciel, dit-elle, me donne la force d’exécuter la résolution que je viens de prendre ! Le ciel peut seul me la donner… Ô pauvre Earnscliff ! qui le consolera ? Et avec quel mépris ne prononcera-t-il pas le nom de celle qui ce matin l’écoutait encore, et qui se donne à un autre ce soir ? Mais qu’il me méprise… encore vaut-il mieux qu’il en soit ainsi que de lui découvrir la vérité. Qu’il me méprise ; si son mépris peut apaiser son chagrin, je me sentirai consolée de la perte de son estime. »

Elle pleura amèrement, essayant de temps en temps, mais en vain, de commencer la prière qu’elle avait eu l’intention de faire en se mettant à genoux : mais elle ne put calmer suffisamment ses esprits pour s’occuper d’actes de dévotion. Tandis qu’elle était plongée dans cet état de désespoir, la porte de sa chambre s’ouvrit lentement.