Page:Scott - Le nain noir, Le miroir de ma tante Marguerite, trad Montémont, 1916.djvu/186

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
184
Le Nain Noir

— Eh bien donc ! dit Ratcliffe, recevez plutôt l’assurance solennelle que je vous donne que vous ne courez pas le moindre danger. Mais ce que jusqu’à présent je n’ai point voulu vous dire, dans la crainte de vous alarmer, c’est que maintenant que nous approchons de sa retraite, car je la découvre à la faveur de la lumière du crépuscule, je ne puis pas vous accompagner plus loin ; il faut que vous avanciez seule.

— Seule ! jamais je n’oserais.

— Il le faut, je resterai ici, et je vous attendrai.

— Vous ne bougerez donc pas, dit miss Vère, et cependant la distance est si grande, vous ne pourriez m’entendre si j’appelais au secours.

— Ne craignez rien, lui dit son guide, ou du moins ayez le plus grand soin de réprimer tout sentiment de timidité. Souvenez-vous que la crainte cruelle qui le domine provient de la connaissance qu’il a de la forme hideuse de son extérieur. Suivez le sentier qui conduit tout droit à côté de ce saule à demi renversé : prenez à gauche, le marais est à droite. Adieu pour quelques instants. Souvenez-vous du malheur dont vous êtes menacée, et que ce souvenir l’emporte et sur vos craintes et sur vos scrupules.

— Adieu, monsieur Ratcliffe, dit Isabelle ; si vous avez trompé une personne aussi malheureuse que moi, vous aurez pour jamais perdu tout droit à votre caractère de probité et d’honneur auquel je me suis confiée.

— Sur ma vie… sur mon âme », continua Ratcliffe en élevant la voix à mesure qu’Isabelle s’éloignait, « vous n’avez rien, absolument rien à craindre. »