PREMIÈRE PARTIE
« Vous aimez, mon neveu, les esquisses de la société du temps passé. Je voudrais pouvoir vous dépeindre le chevalier Philippe Forester, le libertin modèle de la bonne compagnie d’Écosse vers la fin du siècle dernier. Je ne l’ai jamais vu ; mais, d’après ce que m’a dit ma mère, de son esprit, de sa galanterie, et de son goût pour la dépense, ce gai chevalier vivait à la fin du XVIIe siècle et au commencement du XVIIIe. C’était le sir Charles Easy[1] et le Lovelace[2] du jour et de son pays. Ses duels, ses bonnes fortunes et quelques actions pour lesquelles (si les lois s’appliquaient à tout le monde) il eût mérité d’être pendu, lui avaient acquis une célébrité dans le beau monde, et éloignaient facilement ses rivaux. Une telle réputation nous montre ou que nos mœurs actuelles sont meilleures ou seulement plus décentes que celles d’autrefois, ou que le bon