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Le Miroir de ma Tante Marguerite

pour elles le même charme. Le dé a été jeté ; la personne a eu ou n’a pas eu de succès dans l’impression qu’elle a désiré produire ; mais sans entrer davantage dans les mystères de la toilette, je vous dirai que moi-même, comme bien d’autres personnes, je n’aime pas à voir la surface noire et confuse d’une grande glace dans un appartement mal éclairé, et où la réflexion de la lumière paraît plutôt se perdre dans la profonde obscurité de la glace que réfléchir sa lumière dans l’appartement. Une glace dans l’obscurité est un vaste champ pour le jeu de l’imagination ; elle peut y faire voir d’autres traits que les nôtres, ou, comme dans les apparitions de la veille de la Toussaint, dont on amuse notre enfance, on croit apercevoir quelque forme étrangère regardant par-dessus notre épaule. Enfin, quand je me sens l’esprit disposé à voir des revenants, je dis à ma femme de chambre de tirer le rideau vert sur le miroir avant d’entrer dans ma chambre, afin que s’il doit en effet en paraître un, elle soit la première à le voir. Mais à dire vrai, cette répugnance de regarder dans un miroir, en certains temps ou en certains endroits, doit son origine à un conte que me fit ma grand’mère, qui fut partie intéressée dans les scènes que je vais vous raconter.