pour elles le même charme. Le dé a été jeté ; la personne
a eu ou n’a pas eu de succès dans l’impression
qu’elle a désiré produire ; mais sans entrer davantage
dans les mystères de la toilette, je vous dirai
que moi-même, comme bien d’autres personnes, je
n’aime pas à voir la surface noire et confuse d’une
grande glace dans un appartement mal éclairé, et
où la réflexion de la lumière paraît plutôt se perdre
dans la profonde obscurité de la glace que réfléchir
sa lumière dans l’appartement. Une glace dans
l’obscurité est un vaste champ pour le jeu de l’imagination ;
elle peut y faire voir d’autres traits que les
nôtres, ou, comme dans les apparitions de la veille
de la Toussaint, dont on amuse notre enfance, on
croit apercevoir quelque forme étrangère regardant
par-dessus notre épaule. Enfin, quand je me sens
l’esprit disposé à voir des revenants, je dis à ma
femme de chambre de tirer le rideau vert sur le
miroir avant d’entrer dans ma chambre, afin que s’il
doit en effet en paraître un, elle soit la première à
le voir. Mais à dire vrai, cette répugnance de regarder
dans un miroir, en certains temps ou en certains
endroits, doit son origine à un conte que me fit ma
grand’mère, qui fut partie intéressée dans les scènes
que je vais vous raconter.