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Le Miroir de ma Tante Marguerite

— Vous ne répondez pas à ma question, reprit lady Bothwell : je veux dire que par suite de quelques observations qu’il vous fit relativement à votre conduite envers votre femme, vous vous êtes querellés.

— Si vous supposez le major Falconer assez simple pour se mêler de mes affaires particulières, lady Bothwell, vous avez en vérité raison de croire que cette liberté me déplairait, et bien plus, je le prierais de garder ses avis jusqu’à ce que je les lui demandasse.

— Et c’est avec de pareilles dispositions que vous allez joindre l’armée où se trouve mon frère ?

— Il n’y a pas d’homme qui observe mieux les devoirs de l’honneur que le major Falconer, répliqua sir Philippe. Et un aspirant comme moi ne peut choisir un meilleur guide. »

« Lady Bothwell se leva et alla vers la fenêtre, les larmes aux yeux.

— Comment ! c’est par une froide raillerie que vous répondez aux craintes que nous vous manifestons sur les suites inévitables d’une querelle qui pourrait se terminer d’une manière fatale ! Grand Dieu ! de quoi sont formés les cœurs des hommes, pour se jouer ainsi du désespoir des autres ?

« Sir Philippe en fut touché ; il quitta son ton moqueur, et, saisissant sa main, lui dit :

— Ma chère lady Bothwell, nous avons tort tous deux : vous êtes beaucoup trop sérieuse, et moi je ne le suis pas assez peut-être. La querelle que j’ai eue avec le major Falconer était de peu d’importance ; si quelque chose de grave nous eût obligés de la vider par voie de fait, comme nous disons en France, ni l’un ni l’autre n’aurions manqué à ce devoir. Permettez-moi de vous dire que si on savait que vous ou lady Forester avez des craintes d’une telle catastrophe, ce serait le plus sûr moyen de la faire arriver, et pour le moment, il n’en est nullement question.