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Le Miroir de ma Tante Marguerite

« Lady Forester se jeta dans les bras de sa sœur, la pressa contre son cœur, la remercia mille fois de son offre, mais en même temps refusa avec tristesse de suivre les conseils dont elle était accompagnée.

« Après le coucher du soleil, heure à laquelle le docteur de Padoue recevait les visites de ceux qui venaient le consulter, les deux dames quittèrent leur appartement, habillées comme des femmes d’une condition inférieure et la figure enveloppée de leurs plaids ; car, dans ces temps d’aristocratie, on reconnaissait la qualité des gens à la manière dont ils le portaient, et à la finesse de son tissu. Lady Bothwell engagea sa sœur à prendre cette espèce de déguisement, d’abord pour échapper aux observations des curieux qui les verraient aller à la maison du sorcier, et surtout pour juger de la pénétration de cet homme en paraissant devant lui sous des dehors qui n’appartenaient point à leur position dans le monde.

« Lady Bothwell l’avait fait payer par un domestique de confiance qui l’avertit en même temps que la femme d’un pauvre soldat désirait savoir ce qu’était devenu son mari, sujet sur lequel probablement le philosophe était souvent consulté.

« Jusqu’au dernier moment, et lorsque l’horloge du palais eut sonné huit heures, lady Bothwell regarda attentivement sa sœur, dans l’espoir qu’elle renoncerait à sa téméraire entreprise ; mais la douceur et même la timidité sont capables quelquefois de volontés fermes et de fortes déterminations. Elle trouva sa sœur résolue, inébranlable et opiniâtre, quand l’instant du départ arriva. Mécontente de ce projet, mais décidée à ne pas quitter sa sœur en un semblable moment, lady Bothwell et lady Forester parcoururent plusieurs allées obscures et des rues sombres ; le domestique leur servit de guide. Enfin il tourna subitement dans une petite cour, et frappa à une porte en force d’arceau, qui paraissait appartenir à un antique bâtiment. Elle s’ouvrit, quoiqu’on