Page:Scott - Le nain noir, Le miroir de ma tante Marguerite, trad Montémont, 1916.djvu/253

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
251
Le Miroir de ma Tante Marguerite

Philippe avait quitté tout à coup l’armée, pour n’avoir pu payer une forte somme qu’il avait perdue au jeu. Il avait changé de nom, et s’était retiré à Rotterdam, où il était parvenu à obtenir les bonnes grâces d’un riche bourgmestre par ses avantages physiques et ses manières élégantes, et il avait captivé les affections de son unique enfant, jeune personne d’une grande beauté et héritière d’une immense fortune.

« Enchanté des dons séduisants de celui qui se proposait pour son gendre, le riche négociant, qui avait une trop haute idée du caractère anglais pour prendre des informations sur les mœurs et sur la fortune de l’aspirant à la main de sa fille, consentit sans peine à ce mariage. La cérémonie était prête à être conclue, lorsqu’elle fut interrompue par une singulière circonstance.

« Le capitaine Falconer ayant été envoyé à Rotterdam pour chercher une partie de la brigade des auxiliaires écossais qui tenaient garnison dans la ville, une personne de sa connaissance, jouissant dans ce pays d’une grande considération, lui proposa, pour le distraire, de le mener à l’Église pour y voir un de ses compatriotes épouser la fille d’un riche bourgmestre.

« Le capitaine Falconer accepta l’offre d’accompagner le Hollandais avec quelques amis et deux ou trois officiers de la brigade écossaise. On peut juger de son étonnement lorsqu’il vit son propre beau-frère, un homme marié, sur le point d’être uni à une belle et innocente créature, qu’il allait tromper si indignement. Le capitaine Falconer proclama sur le lieu la perfidie de sir Philippe, et le mariage fut interrompu.

« Quoique beaucoup de gens sensés pensassent que sir Philippe était à jamais banni de la classe des gens d’honneur, le capitaine Falconer lui permit d’en avoir encore les privilèges en acceptant le cartel qu’il lui