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La rencontre

peu témérairement, surtout dans un lieu comme celui où nous nous trouvons.

— Pourquoi le Mucklestane-Moor ferait-il plus d’impression sur moi que sur vous, monsieur Earnscliff, » dit Hobbie un peu offensé. « Il est sûr que l’on dit qu’il y a des épouvantails, des choses avec de longs becs ; mais qu’ai-je à m’inquiéter de tout cela ? j’ai la conscience nette, et peu de chose à me reprocher, excepté peut-être quelques folies avec les jeunes filles, ou une bamboche dans quelque foire ; mais ça ne vaut pas la peine d’en parler ; et quoique ce soit moi-même qui vous le dise, croyez que je suis un garçon aussi tranquille et aussi pacifique…

— Et la tête de Dick Turnbull que vous avez cassée, et Willie de Winton sur qui vous avez fait feu ? dit son compagnon.

— Ah, diable ! Earnscliff, vous tenez donc registre des fautes de tout le monde ? interrompit Hobbie. Mais la tête de Dick est guérie ; et afin de vider entièrement notre querelle, nous devons nous battre à Jeddart, le jour de Sainte-Croix ; ainsi voilà une affaire arrangée d’une manière très pacifique ; et puis Willie et moi nous sommes amis de nouveau ; pauvre garçon ! mais ce n’était que deux ou trois grains de grêle après tout… Je m’en laisserais faire autant par qui que ce fût pour une pinte d’eau-de-vie. Mais Willie a été élevé dans la plaine ; pauvre petit faon, la moindre chose l’effraie ; mais, quant à ces épouvantails, si nous en rencontrions un dans ce lieu même…

— Cela n’est pas invraisemblable, dit le jeune Earnscliff ; car voilà là bas notre vieille sorcière, Hobbie.

— Je vous dis, » reprit Hobbie comme indigné du soupçon que son compagnon paraissait avoir, « je vous dis que si la vieille sorcière elle-même venait à sortir de dessous la terre, justement ici devant nous, je n’y ferais pas plus… Mais, Dieu nous préserve ! Earnscliff, qu’est-ce qu’il y a donc là-bas ? »