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L’apparition

ici demain pour voir ce qu’est devenu ce malheureux.

— En plein jour ? dit le fermier ; alors, s’il plaît à Dieu, je vous accompagnerai. Mais nous sommes ici à deux milles plus près de Heugh-Foot que de votre maison ; et ne vaudrait-il pas mieux que vous vinssiez chez nous ? Nous enverrons le garçon sur le petit cheval avertir que vous êtes à notre ferme, quoique je croie fort que vous n’avez personne qui vous attende, excepté vos domestiques et le chat.

— Eh bien, soit, mon ami Hobbie ; mais, comme je n’aimerais pas que mes domestiques fussent inquiets, ou que mon absence privât minet de son souper, je vous serai obligé d’envoyer votre garçon, ainsi que vous me le proposez.

— Ah, ma foi ! c’est avoir réellement de la bonté, répliqua Hobbie ; vous venez donc à Heugh-Foot ; on sera, je vous assure, bien charmé de vous y voir ».

Cette affaire ainsi réglée, ils accélérèrent leur marche jusqu’au sommet d’une colline un peu escarpée : « Voyez-vous, Earnscliff, dit Hobbie, je suis toujours content lorsque j’arrive dans cet endroit-ci. Distinguez-vous cette lumière là-bas, à la fenêtre de la salle où ma bonne vieille grand’mère est assise, filant à son rouet ? Et voyez-vous cette autre lumière qui va et vient d’une fenêtre à l’autre ? c’est celle de ma cousine, Grâce Armstrong ? Elle fait dans la maison deux fois autant d’ouvrage que mes sœurs ; et elles en conviennent elles-mêmes, car ce sont les meilleures filles du monde ; mais elles sont forcées d’avouer, ainsi que ma grand’mère, qui ne peut plus agir elle-même maintenant, que c’est elle qui est la plus active, qui fait le mieux les courses en ville. Quant à mes frères, l’un est parti avec la suite du chambellan, et l’autre est à Moss-Phadraig, notre principale ferme ; il peut surveiller les travaux tout aussi bien que moi.