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Le Nain Noir

— Vous êtes heureux, mon ami, d’avoir des parents aussi estimables, dit le jeune laird.

— C’est vrai, grâces en soient rendues au ciel ! je puis dire que je le suis ; mais voudriez-vous bien me dire, Earnscliff, vous qui avez été au collège et à la grande école d’Édimbourg, et qui y avez été à même d’acquérir toutes sortes de connaissances, voudriez-vous bien me dire une chose, quoiqu’elle ne me regarde pourtant pas personnellement ; mais j’ai entendu le prêtre de Saint-John et notre ministre discuter à ce sujet à la foire de Winter, et, ma foi, ils parlaient fort bien tous deux. Le prêtre disait que maintenant il était contraire à la loi d’épouser sa cousine, mais il m’a semblé qu’il ne citait pas les passages de l’Évangile à beaucoup près aussi bien que notre ministre, qui passe pour être le meilleur théologien et le meilleur prédicateur qu’il y ait d’ici à Édimbourg. Ne croyez-vous pas qu’il soit probable qu’il avait raison ?

— Certainement, le mariage, répondit Earnscliff, est reconnu par tous les chrétiens protestants aussi libre que Dieu l’a établi dans la loi lévitique ; ainsi, Hobbie, il ne peut y avoir d’empêchement, soit légal, soit religieux, entre vous et miss Armstrong.

— Oh ! très de plaisanterie, Earnscliff, dit Hobbie ; vous qui êtes si prompt à vous fâcher, lorsqu’on vient à vous parler sur un sujet aussi délicat ! Dans ma question, je n’avais nullement l’intention de parler de Grâce. Elle n’est pas ma cousine germaine, d’ailleurs, puisqu’elle est la fille du premier mariage de la femme de mon oncle ; il n’y a donc pas de parenté entre nous, mais bien une simple alliance. Nous voici maintenant à la colline de Sheeling. Je vais tirer un coup de fusil ; c’est toujours ainsi que j’annonce mon arrivée, et quand j’apporte un daim j’en tire deux, un pour le gibier et l’autre pour moi. »

Il déchargea effectivement son fusil, et l’on vit les diverses lumières traverser les appartements et