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Visite au solitaire

de tout ce qu’il y a de plus extraordinaire, que peut-il donc faire là ?

— Il commence à bâtir un mur, je crois, répondit Hobbie, avec ces oies grises ou grosses pierres éparses, comme on les appelle. Ma foi, c’est tout ce que j’ai jamais entendu dire. »

En approchant davantage, Earnscliff ne put s’empêcher de partager l’opinion de Hobbie. L’être qu’ils avaient vu la veille paraissait travailler lentement et avec beaucoup de fatigue à placer les grosses pierres les unes sur les autres, comme pour former un petit enclos. Il y avait autour de lui des matériaux en abondance ; mais le travail qu’il y avait à faire était immense, à cause de la grosseur de la plupart des pierres ; et il paraissait même surprenant qu’il eût réussi à en soulever plusieurs, qu’il avait déjà arrangées pour les fondements de son édifice. Il faisait des efforts pour en mouvoir une d’une grosseur énorme, lorsque les deux jeunes gens arrivèrent près de lui ; et il était tellement occupé à exécuter son dessein, qu’il ne les aperçut que lorsqu’ils furent tout près de lui. En poussant et en soulevant la pierre pour la placer comme il le désirait, il déployait un degré de force qui paraissait totalement incompatible avec sa taille et sa difformité. En effet, à en juger par les difficultés qu’il avait déjà surmontées, il devait avoir une force d’Hercule, car quelques-unes des pierres qu’il avait réussi à soulever paraissaient avoir exigé le concours de deux hommes pour en venir à bout. Les soupçons de Hobbie se renouvelèrent en voyant la force surnaturelle dont il était doué.

« Je suis presque persuadé, dit-il, que c’est l’esprit d’un maçon ; voyez ces grosses pierres qu’il a placées. Si c’est un homme, après tout, je voudrais savoir combien il prendrait par perche pour construire un mur de digue. On aurait besoin d’en avoir un entre Cringlehope et les Shaws… Brave homme »,