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Le Nain Noir

vers le ciel qui devenait toujours plus obscur et plus orageux, un cavalier arriva au galop près de lui, et s’arrêtant comme pour donner à son cheval le temps de reprendre haleine, fit une sorte de salut à l’anachorète avec un air d’effronterie mêlée de quelque embarras.

Le cavalier était grand, mince, sec, mais singulièrement athlétique, ossu et nerveux, comme quelqu’un qui a passé toute sa vie dans ces exercices violents qui empêchent le corps de prendre une augmentation de volume, tandis qu’ils endurcissent les membres et accroissent la force musculaire. Son visage, dont les traits étaient durs, brûlé par le soleil, tout parsemé de taches de rousseur, avait une expression sinistre de violence, d’audace et de ruse, que l’œil de l’observateur distinguait facilement. Des cheveux d’un roux foncé, des sourcils d’une couleur presque rouge, sous lesquels deux yeux lançaient des regards perçants, complétaient la description du cavalier, dont la présence était toujours de mauvais augure. Il avait des pistolets à ses arçons, et un autre à sa ceinture, malgré le soin qu’il avait pris de les cacher en boutonnant son pourpoint. Il avait sur sa tête un casque d’acier rouillé, et portait une jaquette de peau de buffle taillée un peu à l’antique, des gants dont celui de la main droite était garni de petites écailles de fer, comme l’ancien gantelet ; et enfin un long sabre servait de complément à son équipage.

« Eh bien ! dit le Nain, voilà donc le pillage et le meurtre encore une fois à cheval ?

— À cheval ? répondit le bandit ; oui, sans doute, Elshie ; votre science médicale m’a mis en état de remonter mon bon cheval bai.

— Et toutes ces promesses d’amendement que vous avez faites pendant votre maladie sont donc oubliées ? continua Elshender.

— Tout est parti net, avec les tisanes et la pa-