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Le Maraudeur

nade, répondit le convalescent éhonté ; vous savez bien, Elshie, car on dit que vous connaissez parfaitement le personnage :

Le diable, atteint de maladie,
De se faire moine eut envie ;
Mais sitôt qu’il se porta bien.
Mais Il n’en fit rien.

— Tu dis vrai, répliqua le solitaire ; il serait tout aussi facile d’enlever au loup sa soif du carnage, ou d’empêcher le corbeau de sentir l’odeur des cadavres, que de te guérir de tes maudits penchants

— Que voulez-vous que j’y fasse ? c’est inné en moi jusque dans la moelle de mes os. Mais, mon brave, tous les garçons de la famille des Westburnflat ont été depuis plus de dix générations des rôdeurs et des pillards ; ils ont tous bu sec et fait bonne vie, tirant une vengeance cruelle d’une légère offense, et ne manquant jamais d’argent, faute d’avoir voulu en gagner.

— Tu as raison, dit le Nain, et tu es bien le Loup le plus achevé que l’on ait jamais vu sauter la nuit dans une bergerie. Pour quelle mission infernale es-tu en route maintenant ?

— Votre science ne saurait-elle vous le faire deviner ?

— Tout ce que je sais, répondit le Nain, c’est que ton dessein est mauvais, que ton action sera pire, et que le résultat sera plus affreux encore.

— Et vous ne m’en aimez que mieux pour cela, n’est-ce pas, père Elshie ? reprit Westburnflat ; vous me l’avez toujours dit d’ailleurs ?

— J’ai des raisons pour aimer tous ceux qui sont des fléaux pour leurs semblables, répliqua le solitaire ; et tu es un de ceux qui se plaisent à répandre le sang !

— Non ! non ! non ! Je ne suis jamais sanguinaire,