Page:Scott - Le nain noir, Le miroir de ma tante Marguerite, trad Montémont, 1916.djvu/9

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
7
Introduction

un carreau planté de choux, que les chenilles avaient un peu endommagés. Davie, remarquant qu’une des dames souriait, prit à l’instant son air dur et sauvage, se précipita au milieu des choux et les mit en pièces avec son bâton, en s’écriant : « Je déteste les chenilles, car elles se moquent de moi. »

 » Une autre dame, qui était également une de ses anciennes connaissances, commit, bien contre son intention, une offense envers Davie dans une circonstance semblable. Après l’avoir introduite dans le jardin, en marchant devant elle, il se retourna pour jeter sur elle un regard de jalousie, et se figura qu’il l’avait vue cracher. Aussitôt il s’écria avec une extrême férocité : « Suis-je un crapaud, femme, que vous crachiez sur moi…, oui, que vous crachiez sur moi ? » Et, sans écouter ni réponse ni excuse, il la chassa du jardin, en vomissant contre elle des imprécations et des injures. Lorsqu’il était irrité par des personnes pour lesquelles il avait peu de respect, sa misanthropie se déchaînait en paroles et quelquefois en actions encore plus grossières, et dans ces occasions, il employait un langage d’imprécations et de menaces les plus extraordinaires et les plus sauvages. »

La nature conserve dans tous ses ouvrages un certain équilibre entre le bien et le mal, et il n’est peut-être pas de position si complètement misérable qui ne possède quelque source de plaisir pour en adoucir le désagrément. Ce pauvre homme, dont la misanthropie était fondée sur le sentiment de sa difformité extraordinaire, avait néanmoins ses jouissances particulières. Forcé de se retirer dans une solitude, il devint un admirateur des beautés de la nature. Son jardin, qu’il cultivait avec le plus grand soin, et qui, d’un mauvais terrain de bruyères et de marécages, était devenu un sol très productif, lui offrait un sujet d’orgueil et de délices ; mais il était également enchanté de beautés plus naturelles ; la