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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

— Taisez-vous tous ! s’écria Bothwell en frappant fièrement sur la table ; silence ! — Vous me demandez, dit-il à Henry, de quel droit je vous interroge ? ma cocarde et mon sabre doivent vous l’apprendre ; c’est un gage de ma commission, et si vous voulez en savoir davantage, lisez l’acte du conseil qui donne à tout soldat et à tout officier de Sa Majesté mission expresse de rechercher, d’interroger et d’arrêter toutes personnes suspectes. Ainsi donc, je vous demande encore une fois ce que vous pensez de la mort de l’archevêque de Saint-André.

Henry avait eu le temps de réfléchir qu’en résistant au pouvoir arbitraire confié à de pareilles mains, c’était s’exposer à un danger inutile et risquer d’y entraîner son oncle. Il répondit donc avec sang-froid : — Je n’hésite point à déclarer que les auteurs de ce meurtre ont commis, à mon avis, une action insensée et criminelle, et qu’ils sont d’autant plus coupables que ce forfait servira de prétexte pour redoubler les rigueurs exercées contre ceux qui en sont innocents, et qui sont aussi éloignés de l’approuver que je le suis moi-même.

Tandis que Henry parlait ainsi, Bothwell l’examinait avec attention, et cherchait à se rappeler ses traits. — Je ne me trompe pas dit-il enfin, vous êtes le capitaine Perroquet ; je vous ai déjà vu, et je vous ai trouvé en compagnie suspecte.

— Je vous ai vu une fois chez Niel, répondit Morton.

— Et avec qui êtes-vous sorti de chez lui, jeune homme ? N’est-ce pas avec Balfour de Burley, le chef des meurtriers de l’archevêque ?

— Cela est vrai ; jamais je n’aurai recours au mensonge. Mais, bien loin de savoir qu’il fût un des assassins du primat, j’ignorais même qu’un tel crime eût été commis.

— Dieu nous fasse miséricorde ! s’écria le vieux Milnwood, je suis perdu, ruiné ! La langue de ce malheureux fera sauter sa tête de dessus ses épaules.

— Mais vous ne pouviez ignorer que Burley est un rebelle et un traître, qu’il est défendu à tout sujet fidèle du roi d’avoir aucune communication avec lui, de lui donner ni pain, ni eau, ni feu, ni asile ; vous saviez tout cela, et vous avez contrevenu aux lois. Où l’avez-vous quitté ? est-ce sur le grand chemin, ou bien lui avez-vous donné abri dans cette maison ?

— Dans cette maison ! s’écria M. Milnwood : il n’aurait pas été assez hardi pour y introduire un traître.

— Ose-t-il nier qu’il l’ait fait ? demanda Bothwell.

— Puisque vous m’en accusez comme d’un crime, nos lois ne