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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

Milady : il est de mon devoir de soutenir l’autorité, surtout quand elle repose dans des mains aussi respectables que celles de lady Bellenden. Mais il n’est que trop vrai que les mauvais principes se propagent de plus en plus dans ce canton, et je vais être forcé de prendre contre les rebelles des mesures de sévérité qui s’accordent mieux avec mon devoir qu’avec mon caractère. Cela me rappelle, Milady, que j’ai des remerciements à vous faire pour l’hospitalité que vous avez daigné accorder à un détachement de mes dragons qui m’amène un prisonnier accusé d’avoir donné retraite au lâche assassin Balfour de Burley.

— Le château de Tillietudlem, colonel, a toujours été ouvert aux serviteurs de Sa Majesté, et quand il cessera de l’être, c’est qu’il n’y restera plus pierre sur pierre. Mais me permettrez-vous de vous faire observer, colonel Grahame, que le gentilhomme qui commande ce détachement ne me semble pas au rang qui lui conviendrait, si nous considérons quel sang coule dans ses veines ? Si j’osais me flatter de voir accueillir ma requête en sa faveur, je vous supplierais de lui accorder de l’avancement à la première occasion.

— Vous voulez parler du brigadier Francis Stuart, que nous nommons Bothwell, répondit Claverhouse en souriant : il a l’écorce un peu rude, et parfois il ne se plie que difficilement aux règles de la discipline ; mais le moindre désir de lady Bellenden doit être une loi pour moi. (Bothwell entrait sur ces entrefaites.) — Bothwell, lui dit le colonel, allez baiser la main de lady Marguerite, et remerciez-la. Grâce à l’intérêt qu’elle prend à votre avancement, la première commission vacante dans le régiment sera pour vous.

Bothwell accomplit d’un air de hauteur cet acte d’humilité, et dit ensuite tout haut ; — À coup sûr, personne ne peut se trouver déshonoré de baiser la main d’une dame ; mais quand il s’agirait d’obtenir le grade de général, je ne baiserais pas la main d’un homme, à moins que ce ne fût celle du roi.

— Vous l’entendez, dit Claverhouse en souriant ; voilà le grand écueil pour lui. — Il ne peut oublier sa généalogie.

— Mon noble colonel, je sais que vous n’oublierez pas votre promesse. Peut-être alors permettrez-vous au cornette Stuart de se souvenir de son grand-père que le brigadier doit oublier.

— Cela suffit, Monsieur, dit Claverhouse, dites-moi ce que vous veniez m’apprendre,

— Lord Evandale, mon colonel, vient de faire halte sur la route, en face du château, avec sa troupe ; il ramène quelques prisonniers.

— Lord Evandale ! dit lady Marguerite, colonel, vous lui permettrez de venir déjeuner. Vous savez que Sa Majesté elle-même