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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

parfaitement à l’abri d’un coup de main, mais on avait à craindre la famine et un assaut.

Le major ayant fait charger les canons, les pointa de manière à commander la route par laquelle les rebelles devaient avancer ; il fit abattre les arbres qui auraient nui à l’effet de son artillerie ; et, avec leurs troncs et d’autres matériaux, on construisit à la hâte plusieurs rangs de barricades dans l’avenue ; il barricada encore plus fortement la grande porte de la cour.

Le plus grand danger était dans la faiblesse de la garnison. Tous les efforts d’Harrison n’avaient abouti qu’à rassembler neuf hommes, en y comprenant Gudyil et lui ; le major et Pique complétaient le nombre de onze, dont une bonne partie étaient déjà avancés en âge.

Les préparatifs de défense ne pouvaient se faire sans le fracas ordinaire en pareille occasion : les femmes criaient, les chiens hurlaient, les hommes juraient. L’arrivée d’un charriot de farine qu’on amenait de la ville, celle des bestiaux de la ferme redoublaient la confusion.

Tout ce fracas ne tarda pas à arriver aux oreilles d’Edith, elle envoya Jenny s’informer de la cause d’un tumulte si extraordinaire ; mais, Jenny trouva tant de choses à demander ou à apprendre, qu’elle oublia d’aller rejoindre sa maîtresse. Miss Bellenden, dont l’inquiétude allait toujours croissant, se détermina à descendre pour chercher elle-même des informations. Dès sa première question, cinq ou six voix lui répondirent en même temps que Claverhouse et tout son régiment avaient été tués ; que dix mille insurgés, commandés par John Balfour de Burley, le jeune Milnwood et Cuddy Headrigg, marchaient sur le château. L’étrange association de ces trois noms lui parut une preuve de la fausseté de cette nouvelle, et cependant le mouvement qu’elle voyait lui démontrait qu’on avait conçu de vives alarmes.

— Où est lady Marguerite ? demanda Edith.

— Dans son oratoire, lui répondit-on.

L’oratoire était un cabinet où lady Bellenden se retirait dans les circonstances extraordinaires, quand elle voulait se livrer en toute liberté à quelques exercices de dévotion. Elle avait défendu qu’on vînt jamais l’y interrompre ; et Edith, accoutumée au plus grand respect pour les volontés de son aïeule, n’osa enfreindre ses ordres.

— Où est le major Bellenden ? reprit-elle.

On lui apprit qu’il était sur la plate-forme de la tour, occupé à mettre en ordre l’artillerie qui la garnissait. Elle y courut aussitôt, et le trouva au milieu de son élément.