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LES PURITAINS D’ÉCOSSE

— Vous voyez, dit Poundtext, qu’ils sont assurés maintenant d’avoir la majorité dans le conseil ; car le laird de Langcale s’est laissé subjuguer par Kettledrummle, et nous a abandonnés. Nous sommes donc entourés d’ennemis de toutes parts.

Morton l’informa de l’espérance qu’il avait d’obtenir des conditions de paix raisonnables, par l’entremise de lord Evandale. Il parvint ainsi à lui inspirer un peu de fermeté, et le détermina à attendre l’arrivée des caméroniens.

Burley et ses collègues avaient réuni cent hommes de cavalerie et quinze cents d’infanterie, tous fanatiques remarquables. Ils arrivèrent au camp d’Hamilton plutôt en ennemis qu’en alliés. Burley n’alla pas visiter ses deux collègues, et se contenta de les faire prévenir dans la matinée qu’ils eussent à se rendre au conseil.

En entrant dans la salle où se tenait l’assemblée, Morton et Poundtext trouvèrent leurs quatre collègues déjà réunis. Ils n’en reçurent aucune marque d’un gracieux accueil.

— En vertu de quelle autorité, s’écria Macbriar, le lord réprouvé Evandale a-t-il échappé à la mort ?

Voulant donner à Morton une preuve de son courage, Poundtext s’empressa de répondre : — Par la mienne et par celle de Morton.

— Et qui vous a donné le droit de vous interposer dans une matière si importante ? lui demanda Kettledrummle.

— La même autorité qui vous donne le droit de m’interroger. Si un seul de nous a pu le condamner à mort, deux ont pu aussi révoquer la sentence.

— Allez, dit Burley, nous connaissons vos motifs : c’était pour envoyer ce lord porter au tyran des propositions de paix.

— Cela est vrai, dit Morton. Devons-nous entraîner la nation dans une guerre éternelle, pour des projets aussi injustes qu’irréalisables ?

— Écoutez-le, dit Burley, il blasphème !

— Non, riposta Henry : celui qui blasphème est celui qui attend du ciel des miracles, notre but est d’obtenir le rétablissement de la paix à des conditions justes, honorables, qui assurent notre liberté civile et religieuse.

La querelle se serait échauffée davantage, si en ce moment un courrier n’eût apporté la nouvelle que le duc de Monmouth était parti d’Édimbourg ; que son armée était en marche et qu’elle se trouvait déjà à mi-chemin d’Hamilton. Toute dissidence cessa aussitôt.

Les deux chefs modérés se hasardèrent à faire une proposition, se flattant qu’elle obtiendrait l’appui de Langcale qu’ils avaient vu pâlir à l’annonce de l’approche de l’armée royale, et qu’ils savaient