Page:Scott - Oeuvres de Walter Scott, trad Defauconpret, 1836.djvu/379

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s. Le jeune Angus ne prend pas un seul instant de repos ; il laisse sécher par la brise des montagnes la larme qui vient mouiller sa paupière. Il voit enfin rouler les ondes naissantes du Teith, qui baignent la base d’un coteau boisé, dont la verdure s’étend jusque sur le sable de la rive : c’est là que s’élève la chapelle de Sainte-Brigite. Le fleuve était gonflé par la crue de ses eaux ; le pont était éloigné : mais Angus n’hésite pas, quoique les sombres flots bondissent et achèvent d’éblouir ses yeux déjà troublés par la douleur ; il se précipite à travers le torrent qui écume et rugit ; sa main droite élève la croix ; sa main gauche a saisi sa hache d’armes pour guider et raffermir ses pas. Deux fois il chancelle.... l’écume jaillit au loin, le torrent gronde avec une violence nouvelle….. Si Angus tombe….. c’en est fait de l’orphelin de Duncraggan ! Mais sa main serre la croix des combats avec plus de force, comme s’il était au moment de périr. Il parvient à la rive opposée, et gravit le sentier qui conduit à la chapelle.

XX.

Un joyeux cortège s’était rendu à la chapelle de Sainte-

CHANT TROISIÈME. 381

Brigite. Marie de Tombea s’unissait au jeune Norman, héritier d’Armandave. Les amis et les parens de l’heureux couple passaient sous les arceaux gothiques, et allaient se remettre en marche après la cérémonie nuptiale. Les vieillards, en habits de fête, souriaient au souvenir de leurs premiers plaisirs : les compagnons de l’époux cherchaient à exciter la gaieté des jeunes filles, qui feignaient de ne pas les écouter ; les enfans faisaient entendre leurs bruyantes clameurs, et les ménestrels célébraient à l’envi les attraits de la nouvelle épouse, dont l’œil était baissé avec modestie. Ses joues vermeilles rappelaient l’incarnat de la rose sur laquelle étincelle une larme de l’aurore. Elle s’avance d’un pas timide, et sa main tremblante tient les plis de son voile, dont le tissu a la blancheur de la neige.

Le fiancé marche à côté d’elle en la contemplant avec un air de triomphe, et l’heureuse mère lui parle à l’oreille avec le sourire de la joie.

XXI.

Quel est celui que le cortège rencontre sur le seuil du temple ?….. Le messager de la terreur et du trépas. Il balbutie avec l’accent de la précipitation ; ses yeux nagent dans la douleur. Encore humide des flots du torrent, souillé par la poussière, respir