Page:Scott - Oeuvres de Walter Scott, trad Defauconpret, 1836.djvu/380

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ant à peine, il présente le signal des batailles, et répète les paroles de Malise :

— Le rendez-vous est dans la prairie de Lanrick ; hâte-toi, Norman, de porter ce signal.

Quoi donc ! faut-il qu’il abandonne la main qu’un saint nœud vient d’unir à la sienne, pour s’armer de la fatale croix et de l’épée ! faut-il que ce jour qui a commencé sous de si heureux auspices, et qui promettait des plaisirs si doux à son déclin, sépare, avant le coucher du soleil, un époux de celle dont il vient de recevoir la foi ! Cruelle destinée….. il le faut ! La cause du clan d’Alpine, la gloire de Roderic, son terrible signal ne souffrent aucun délai, il faut partir, — Norman ; obéis sans hésiter.

382 LA DAME DU LAC.

XXII.

Norman se dépouille lentement de son plaid, et fixe d’un regard attendri son aimable fiancée, jusqu’à ce qu’il aperçoive les larmes qui coulent de ses beaux yeux : hélas ! ils expriment une douleur qu’il doit renoncer à adoucir. N’osant pas risquer un second regard, il part en suivant le cours de l’onde et sans tourner la tête, jusqu’à ce qu’il ait atteint le lac de Lubnaig.

Quelle pensée afflige le cœur de Norman ? C’est le douloureux sentiment de l’espérance différée, et le cruel souvenir de ses vaines visions du matin. A l’impatience de l’amour se mêle en lui la noble soif de la gloire ; il éprouve cette joie tumultueuse des montagnards lorsqu’ils courent à leurs lances ; il brûle d’un zèle généreux pour son clan et son Chef ; il se figure son retour prochain, et son triomphe lorsque après avoir combattu avec valeur, et portant sur son cimier les honneurs de la guerre, il pourra serrer sa Marie sur son sein. Exalté par ces idées, il franchit les ruisseaux et les bruyères, rapide comme l’étincelle qui jaillit du caillou ; son enthousiasme martial et son amour inspirent à la fois ses chants.

XXIII.

LE CHANT DU JEUNE NORMAN.

Mon lit ce soir sera l’humble bruyère,

Et mes rideaux le feuillage des bois :

Belle Marie, aux accords de ta voix

Va succéder une chanson guerrière.


Peut-être encor qu’un plus profond sommeil

M’attend demain sur la plaine sanglante :

On entendra gémir ta voix touchante ;

Mais ton amant n’aura plus de r