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Page:Scott - Oeuvres de Walter Scott, trad Defauconpret, 1836.djvu/454

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Un paysan qui battait du blé dans une grange voisine accourut au bruit, et, n’écoutant que sa bravoure naturelle, se rangea du parti le plus faible, et employa si bien son fléau, qu’il dispersa les assaillans, bien battus, c’est le cas de le dire ; il conduisit ensuite le roi dans sa grange, où le prince demanda un bassin et une serviette pour essuyer le sang dont il était couvert. Jacques fit ensuite parler le paysan, pour savoir quel serait le terme de ses désirs ; il apprit que toute son ambition était de posséder en toute propriété la ferme de Brachead, où il n’était qu’un simple journalier. Il se trouva que la terre appartenait à la couronne, et Jacques engagea son libérateur à se rendre au palais d’Holy-Rood, et d’y demander le fermier de Ballanguish, nom sous lequel il était connu dans ses excursions, et qui répondait à celui d’il Bondacâni, qu’avait adopté le calife Haroun-al-Réchyd.

Le paysan se présenta au palais suivant son instruction, et ne fut pas peu surpris de voir qu’il avait sauvé la vie du monarque, qui lui remit en pur don la terre de Brachead. Pour toute redevance, il fut tenu, lui et ses héritiers, d’offrir au roi, toutes les fois qu’il passerait sur le pont de Cramond, une aiguière, un bassin et une serviette pour se laver les mains.

Ce paysan est l’ancêtre des Howisons de Brachead, famille respectable qui conserve cette propriété avec la même clause.

Une autre aventure de Jacques est ainsi rapportée par Campbell :

« Jacques, surpris par la nuit dans une partie de chasse, et séparé de sa suite, entra dans une chaumière au milieu d’un marais, au pied des coteaux d’Ochill, Il fut accueilli parfaitement, quoiqu’il ne fût pas connu. Pour régaler son hôte, le fermier voulut que sa femme tuât pour le souper la poule perchée le plus près du coq, comme celle qui est toujours la plus grasse. Le roi, en partant, engagea le fermier à venir le voir quand il viendrait à Stirling, et à demander le fermier de Ballanguish. Donaldson, c’était son nom, le lui promit, et tint parole. Quand il découvrit qu’il avait été l’hôte du roi, il amusa toute la cour par sa surprise, et fut toujours désigné depuis sous le nom de roi des Marais, par Jacques lui-même. Ce titre a passé jusqu’à son dernier descendant, que M. Erskine de Mar vient de renvoyer de sa ferme parce que Sa Majesté, indolente au dernier point, refusait d’imiter les innovations que les progrès de l’agriculture ont indiquées de nos jours. »

Les lecteurs de l’Arioste accueilleront avec plaisir le roi Jacques tel que la tradition nous le représente ; car il est généralement regardé comme le prototype de Zerbin, le héros le plus intéressant de Roland furieux.


FIN DES NOTES DE LA DAME DU LAC.