que je veux être seul. (Jasmin sort par la droite. Se promenant.) Ce que je trouve de plus terrible, c’est d’avoir à s’occuper d’un bal, d’une fête, d’une chose joyeuse… enfin, quand on est de mauvaise humeur, contrarié, furieux !… Faire coucher hier soir mon rival à la caserne, le faire mettre ce matin en prison, et tout cela pour rien ! une injustice en pure perte !… Mademoiselle Manon en proie à sa douleur, Manon qui pleurait son chevalier, n’a pas même voulu me recevoir !… morbleu ! et Lescaut qui me proposait de l’enlever !… à quoi bon ? pour qu’elle me brave encore et se rie de mes tendresses !… N’importe !… je la verrais du moins ! (S’arrêtant.) Ah çà ! est-ce que décidément j’en serais amoureux ?… moi !… allons donc !… pour qui me prendrait-on ?
- Manon est frivole et légère,
- Oui, légère !… et même un peu plus !
- Et je veux… je saurai lui plaire
- De par l’amour !… ou par Plutus !
(Gaiement.)
- C’est un caprice, une folie ;
- Ce n’est rien qu’une fantaisie !
(D’un air triste.)
- Fantaisie ! fantaisie !
- Plus forte que l’amour !
- Fantaisie ! fantaisie !
- Qui décide en un jour
- Ou destin de la vie !
- Manon, Manon ! mon adorée,
- Je brave tout pour tes beaux yeux !
- Fût-ce d’une chaîne dorée,
- L’amour nous unira lotis deux !
- C’est un caprice, une folie,