Page:Scribe - Œuvres complètes, éd. Dentu, vol. 65.pdf/324

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DESGRIEUX.

Qui vous avait dit de la demander ? était-ce moi ?… et vous avez pu croire que je l’accepterais à un tel prix ?

MANON.

On n’en a exigé aucun… je te le jure…

DESGRIEUX.

Et comment se fait-il alors que vous soyez ici, à une pareille heure, chez le marquis ?

MANON.

Je suis chez moi… Lescaut te le dira ! Tout ici m’appartient… tout cela est à moi.

DESGRIEUX.

Est-ce qu’une semblable générosité est possible ? à qui persuaderez-vous qu’elle est désintéressée ?… Vous allez tout quitter… tout abandonner… et me suivre à l’instant…

MANON.

Écoute-moi…

DESGRIEUX, avec force.

Ou je crois tout !

MANON, vivement et lui prenant le bras.

Viens ! partons !

DESGRIEUX, avec joie.

Est-il possible ?… (Tombant à ses pieds.) Manon… Manon… tu m’aimes donc ?

MANON, l’embrassent.

Toujours ! et ça ne cessera jamais ! ce que nous deviendrons, je l’ignore !… si tu fuis, je le suivrai… si tu meurs… je mourrai ! (Gaiement.) Tu as raison, cela vaut mieux… nous ne nous quitterons pas !

DESGRIEUX, l’entraînant vers le fond.

Oui, toujours ensemble !… partons !