Page:Scribe - Œuvres complètes, éd. Dentu, vol. 65.pdf/330

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(Regardant fièrement le marquis.)

––Si quand on le défie, il est trop grand seigneur
––Pour daigner, par le fer, défendre son honneur !
LE MARQUIS, tirant son épée.
––––Ah ! c’en est trop !
LESCAUT, paraissant à la porte du fond et voyant les deux adversaires qui viennent de croiser l’épée.
––––Ah ! c’en est trop ! Qu’ai-je vu ? le fer brille !

(Il s’approche de Manon et lui dit à demi-voix :)

––––Un tel éclat compromet la famille ;
––––Partons !
MANON.
––––Partons ! Non pas.
LESCAUT, à part, regardant la table à droite et frappant sur sa poche.
––––Partons ! Non pas. J’ai dû, c’était prudent,
––Sur tous ses intérêts veiller en bon parent.
Ensemble.
MANON.
––Dieu qui vois ma terreur… à toi seul j’ai recours !
––Viens et veille sur lui ! viens protéger ses jours !
LE MARQUIS.
––Oui, pour te châtier, à moi seul j’ai recours.
––Défends-toi ! défends-toi ! car il me faut tes jours
DESGRIEUX.
––A moi de châtier tes insolents discours !
––Défends-toi ! défends-toi ! car il me faut les jours !
LESCAUT, à part et frappant sur sa poche.
––Diamants ! votre éclat à celui des amours,
––Et le vôtre, de plus, dure et brille toujours !
LES DOMESTIQUES du marquis, courant sur le théâtre, ouvrant la porte du fond et la porte à droite.
––––––––Au secours ! au secours !
––––––––On attente à ses jours !
––––––––Le guet ! le commissaire !
––––––––Au secours ! au secours !