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DESGRIEUX.
––––––––Oui, je suis près de toi.

(L’embrassant.)

––––––––Je t’aime !… je suis roi !

(Pendant que Manon et Desgrieux, assis pris l’un de l’autre, chantent ensemble ce couplet, une petite porte secrète cachée dans la boiserie sur le premier plan s’ouvre, et paraît le marquis sans être entendu ni vu. Il les regarde un instant, cherche à contenir sa colère ; mais au moment où Desgrieux embrasse Manon, il s’avance vivement.)

DESGRIEUX et MANON, l’apercevant et restant stupéfaits en tenant leur verre à la main.
––Le marquis !
LE MARQUIS, avec ironie.
––Le marquis ! Desgrieux !… qui par fraude s’installe
––La nuit en mon logis !… la chose est peu loyale. !
––Me voler ma maîtresse et son amour… d’accord !
––Mais mon souper, monsieur… ah ! vraiment c’est trop fort !
DESGRIEUX.
––Monsieur, un tel discours…
MANON, au marquis et lui montrant Desgrieux.
––Monsieur, un tel discours… Ah ! c’est le méconnaître !
DESGRIEUX.
––Vous m’en rendrez raison !
LE MARQUIS, avec ironie.
––Vous m’en rendrez raison ! Raison ?… vous plaisantez !

(Il va tirer le verrou de la porte du fond, et plusieurs domestiques paraissent. S’adressent à eux en leur montrant Desgrieux.)

––Que l’on jette à l’instant monsieur par la fenêtre !
DESGRIEUX, apercevant l’épée qui, depuis la première scène, est restée sur la toilette, la saisit, et faisant reculer les domestiques.
––Si vous faites un pas… oui, si vous le tentez…
––Je vous châtirai tous !… les gens…

(Montrant le marquis.)

––Je vous châtirai tous !… les gens… Et puis le maître !…