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DESGRIEUX.
- Unis pendant la vie,
- La mort doit nous unir !
- A tes côtés, amie,
- Je reste pour mourir !
DESGRIEUX, sanglotant.
- Mon cœur se brise !
MANON.
- Allons ! sèche les pleurs,
- Je suis heureuse, ami, car dans tes bras je meurs,
- Et n’aurais dans mon âme
- Rien… rien à désirer !… si je mourais ta femme !
DESGRIEUX, avec exaltation.
- Ce sera !… par le Dieu qui doit lire en nos cœurs !
MANON.
- Et comment ? seuls, ici ?… dans ce désert immense…
DESGRIEUX, de même.
- Où tout d’un Dieu vivant atteste la puissance !
- Dans ces vastes forêts
- Dont les dômes épais
- Nous serviront de temple,
- A la face du ciel
- Et devant l’Eternel,
- Qui tous deux nous contemple,
- A genoux ! à genoux !
(Manon se soulève, s’appuie d’une main sur la terre et lève l’autre au ciel.)
- Mon Dieu, jette sur nous un regard favorable !
MANON, priant à demi-voix.
- Pardonnez-nous !
DESGRIEUX.
- Tu fis du repentir la vertu du coupable !