Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/15

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équipage, qui allait plus vite que moi m’éclabousse de la tête aux pieds, moi et mon pourpoint de satin, le seul dont je fusse propriétaire… et pour comble de fatalité, j’aperçois à la portière de la voiture… ce même individu, l’homme à la chiquenaude… qui riait encore… Ah ! dans ma rage, je m’élançai vers lui, mais l’équipage avait disparu, et furieux, désespéré, je rentrai à mon modeste hôtel, ayant manqué mon audience.

BOL. Et votre fortune !

MASH. Au contraire ! je reçus le lendemain, d’une personne inconnue, un riche habit de cour, et, quelques jours après, la place que je demandais dans la maison de la reine. J’y étais à peine depuis trois mois, que j’avais reçu ce ne je désirais le plus au monde, un brevet d’enseigne dans le régiment des gardes.

BOL. En vérité ! Et vous n’avez aucun soupçon sur ce protecteur mystérieux ?

MASH. Aucun !… il m’assure de sa constante faveur, si je continue à m’en rendre digne… Je ne demande pas mieux… ce qui me paraît seulement gênant et ennuyeux… c’est qu’il me défend de me marier…

BOL. Ah ! bah !

MASH. Craignant sans doute que cela ne nuise à mon avancement.

BOL., riant. C’est là la seule idée que cette défense ait fait naître en vous ?

MASH. Oui, sans doute.

BOL., de même. Eh bien ! mon cher ami,