Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/29

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BOL. Vous avez daigné lire…

LA DUCH. Chez la reine, d’où je sors à l’instant.

BOL., troublé. Ah ! c’est là…

LA DUCH. Oui, monsieur !… l’officier des gardes de service venait d’apporter le Journal des gens à la mode…

BOL. Où je ne suis pour rien.

LA DUCH., avec ironie. Je le sais ! Depuis longtemps votre règne est passé ! mais dans les feuilles de ce journal, et à côté du vôtre était une lettre du marquis de Torcy.

BOL. Adressée à la reine…

LA DUCH. C’est pour cela que je l’ai lue.

BOL., avec indignation. Madame !…

LA DUCH. C’est du devoir de ma charge ! Surintendante de la maison de Sa Majesté, c’est par mes mains ne doivent passer d’abord toutes les lettres. Vous voilà averti, monsieur, et quand il y aura contre moi quelque épigramme, quelque bon mot que vous tiendrez à me faire connaître, vous n’aurez qu’à les adresser à la reine, c’est le seul moyen de me les faire lire !

BOL. Je me le rappellerai, madame ; mais du moins, et c’est ce que je voulais, Sa Majesté connaît les propositions du marquis ?

LA DUCH. C’est ce qui vous trompe… je les avais lues… cela suffisait… le feu en a fait justice.

BOL. Quoi, madame…

LA DUCH., lui faisant la révérence et s’apprêtant à sortir, aperçoit Abigaïl qui est restée au fond du théâtre. Quelle est cette