Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/30

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belle enfant qui se tient la timide et à l’écart… quel est son nom ?

ABIG., s’avançant et faisant la révérence. Abigaïl.

LA DUCH., avec hauteur. Ah ! la jolie bijoutière !… C’est vrai… je la reconnais… Elle n’est vraiment pas mal, cette petite… Et c’est là cette personne dont m’a parlé la reine ?…

ABIG., vivement. Ah ! Sa Majesté a daigné vous parler…

LA DUCH. Me laissant maîtresse d’admettre ou de refuser… Et, puisque cette nomination dépend de moi seule… je verrai… j’examinerai avec impartialité et justice.

BOL., à part. Nous sommes perdus !

LA DUCH. Vous comprenez, mademoiselle, qu’il faut des titres.

BOL., s’avançant. Elle en a.

LA DUCH., étonnée. Ah ! monsieur s’intéresse à cette jeune personne !…

BOL. À l’accueil affectueux que vous daignez lui faire, j’ai cru que vous l’aviez deviné.

LA DUCH. Aussi je l’aurais admise avec plaisir ; mais pour entrer au service de la reine, il faut tenir à une famille distinguée.

BOL. C’est par là qu’elle brille !…

LA DUCH. C’est ce qu’il faudra voir… il y a tant de gens qui se disent nobles et qui ne le sont pas !…

BOL. Aussi mademoiselle, qui craint de se tromper, n’ose vous avouer qu’on l’appelle Abigaïl Churchill.

LA DUCH., à part. Ô ciel !

BOL. Parente fort éloignée, sans doute…