Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/37

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la duchesse éloigne de vous ses ennemis politiques, je le conçois ; mais sa défiance va jusqu’à repousser une pauvre enfant dont la tendresse, et les soins eussent adouci les ennuis dont on accable Votre Majesté. — On lui refuse la place que vous vouliez lui donner près de vous, en alléguant qu’elle est sans famille ; et je vous préviens, moi, qu’Abigaïl Churchill est cousine de la duchesse de Marlborough. » (S’arrêtant.) Est-il possible !… (Lisant.) « Ce seul fait vous donnera la mesure du reste… que Votre Majesté en profite et veuille bien en garder le secret à son fidèle serviteur et sujet, etc. » Oui… oui, c’est la vérité. — Henri de Saint-Jean est un de mes fidèles serviteurs… mais ceux-là, je ne suis pas libre de les accueillir… lui, surtout… ancien ministre, je ne puis le voir sans exciter la défiance et les plaintes des nouveaux ! Ah ! quand ne serai-je plus reine, pour être ma maîtresse ! Dans le choix même de mes amis, demander avis et permission aux conseillers de la Couronne, aux Chambres, à la majorité… à tout le monde enfin… c’est à n’y pas tenir… c’est un esclavage odieux, insupportable, et ici du moins, je ne veux obéir à personne, je serai libre chez moi, dans mon palais. — Oui, et quoi qu’il puisse arriver, j’y suis décidée (Elle sonne, Thompson paraît.) Thompson, rendez-vous à l’instant dans la Cité, chez maître Tomwood, le joaillier… vous demanderez miss Abigaïl Churchill, et vous lui direz qu’elle vienne à l’instant même au palais. — Je le veux, je l’ordonne moi, la reine !… allez !…