Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/45

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parlerai en sortant de chez la reine… à qui mon devoir est d’obéir en tout.

LA REINE, à demi-voix, à Abigaïl. Remerciez-la donc !… (Abigaïl reste immobile ; mais pendant que la duchesse remonte le théâtre, elle baise vivement la main de la reine.)

ABIG., à part. Pauvre femme !

(La reine s’éloigne avec la duchesse par la porte à droite.)

Scène IV.

ABIGAÏL, seule, et regardant sortir la reine.

Ah ! que je la plains !… M. de Saint-Jean avait raison… il les connaît bien… ce n’est pas celle-là qui est reine… c’est l’autre !… et je me laisserais protéger, c’est-à-dire tyranniser par elle !… plutôt mourir ! Je refuserai… Et cependant maintenant plus que jamais nous aurions besoin d’amis et de protecteurs… car depuis hier… depuis le départ d’Arthur… je n’ai pas vu M. de Saint-Jean… Je ne sais ce qu’il devient… de sorte que j’ai peur toute seule… (Avec effroi.) C’est ici, dans le palais de la reine, dans les jardins de Saint-James… avec un grand seigneur, sans doute, qu’il s’est battu… n’y a pas de grâce à espérer… et s’il n’a pas déjà gagné le continent… c’en est fait de ses jours. Ah ! je ne demande plus rien pour moi, mon Dieu !… et j’avais tort de me plaindre… L’abandon, la misère, j’accepte tout sans murmurer. Qu’il soit sauvé, qu’il vive ! et