Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/67

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ABIG. Non… une audience de Votre Majesté, ou du moins une invitation pour ce soir au cercle de la cour.

LA REINE. C’est la duchesse ni, en qualité de surintendante, est chargée des invitations, je vais donner son nom. (Passant près de la table à gauche et s’asseyant pour écrire.) Quel est-il ?

ABIG. Le marquis de Torcy.

LA REINE, vivement. Tais-toi.

ABIG. Et pourquoi donc ?

LA REINE, toujours assise. Un seigneur que j’estime, que j’honore !… mais un envoyé de Louis XIV. et si l’on savait même que tu as parlé pour lui…

ABIG. Eh bien ?

LA REINE. Eh bien !… il n’en faudrait pas davantage pour exciter des soupçons, des jalousies, des exigences… c’est l’amitié la plus fatigante !… et si je voyais le marquis…

ABIG. Mais lord Bolingbroke y compte… il y attache une importance… il prétend que tout est perdu, si vous refusez de le recevoir !

LA REINE. En vérité !

ABIG. Et vous, qui êtes la maitresse, qui êtes la reine… vous le voudrez, n’est-ce pas ?

LA REINE, avec embarras. Certainement… je le voudrais.

ABIG., vivement. Vous promettez ?

LA REINE. Mais c’est que… silence !