Page:Scribe - Le Verre d'Eau ou les Effets et les Causes, 1860.djvu/71

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s’arrête.) Ah ! c’est l’officier de service. C’est vous, monsieur Masham !

MASH. Oui, madame. (À part.) Si j’osais, comme Bolingbroke nous le conseille, lui parler de notre mariage…

LA REINE. Que voulez-vous ?

MASH. Une grâce de Votre Majesté.

LA REINE. À la bonne heure !… vous qui ne parlez jamais… qui ne demandez jamais rien !

MASH. C’est vrai, madame, je n’osais pas… mais aujourd’hui…

LA REINE. Qui vous rend plus hardi ?

MASH. La position où je me trouve… et si Votre Majesté daigne m’accorder quelques instants d’audience…

LA REINE. Dans ce moment c’est difficile… des dépêches de la plus haute importance…

MASH., respectueusement. Je me retire !…

LA REINE. Non !… je dois avant tout justice à mes sujets ; je dois accueillir leurs réclamations et leurs demandes… et la vôtre a rapport sans doute à votre grade ?

MASH. Non, madame !

LA REINE. À votre avancement ?…

MASH. Oh ! non, madame, je n’y pense pas !

LA REINE, souriant. Ah !… et à quoi pensez-vous donc ?

MASH. Pardon… madame !… je crains que ce ne soit manquer de respect à la reine que d’oser ainsi lui parler de mes secrets.

LA REINE, gaîment. Pourquoi donc ? j’aime beaucoup les secrets ! Continuez, je vous prie ! (Lui tendant la main.) et comptez d’avance sur notre royale protection.