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piquillo alliaga.

Le duc avait frappé de nouveau à la petite porte.

Il fit le signe de la croix, se rejeta au fond de la voiture et se rendormit. Alliaga, monté dans la voiture de suite, se trouva avec les deux aumôniers et le majordome de monseigneur. Les deux carrosses, entourés des cavaliers armés et des valets qui portaient des torches, partirent au grand galop.

Juan-Baptista, ainsi qu’on le lui avait ordonné, prit la suite du cortége.

Mais à un demi-quart de lieue de là, à un détour de la route, il s’arrêta, fit faire volte-face à ses gens, et disparut, peu soucieux d’aller toucher à Tolède la récompense promise, et surtout d’être recommandé au corrégidor Josué Calzado, qui aurait en de la peine à découvrir à quelle brigade de la Sainte-Hermandad il appartenait.

L’or qu’il avait pris à Alliaga était pour lui une capture suffisante ; il n’eût jamais espéré de la munificence de son ancien élève un pareil capital.

Il ne voulait d’abord que se venger de lui, et quoi qu’il arrivât, cette vengeance était désormais assurée, puisque le pauvre Piquillo était présentement dans les mains de l’impitoyable archevêque de Valence et avait en perspective un asile dont on ne sortait pas, les cachots de l’inquisition.


XXX.

la maîtresse du roi.

Le duc de Lerma, désormais tranquille du côté de la reine, qui avait tenu sa parole et n’avait point cherché à se rapprocher du roi, le duc de Lerma avait pris sur son maître un tel empire, que rien ne semblait désormais pouvoir le renverser.

Quelques audacieux osaient cependant former ce rêve, et s’occupaient lentement et sourdement des moyens de le réaliser.

La comtesse d’Altamira et son conseil privé, le ré-