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piquillo alliaga.

publique, s’était prononcé avec tant d’énergie en faveur des cortès.

Le capitaine Juan-Baptista Balseiro.

— Seigneur cavalier, s’écria Piquillo, seigneur cavalier, vous vous trompez ! je ne suis pas un voleur !

— Et quand ce serait !

— Je vous jure que non ; je ne fais pas un si vilain métier.

Et Piquillo sentit la main du capitaine serrer son bras comme dans un étau ; la douleur lui arracha un cri.

— Laissez-moi… laissez-moi, si vous êtes de la Sainte-Hermandad ou des hallebardiers de la ville.

— Ni l’un ni l’autre… Mais puisque tu sors de cette maison, tu pourras nous donner des renseignements dont nous avons besoin.

— Je n’en ai pas.

— N’importe, tu nous suivras.

— Je ne le peux pas… laissez-moi ; j’ai un ami qui m’attend.

— Où ça ?

— Au haut de ce mur.

Et Pedralvi s’écria :

— Oui, seigneur cavalier ; ne lui faites pas de mal, et relevez l’échelle pour que je puisse descendre, sinon je crie au secours.

Un des hommes qui accompagnaient le capitaine porta la main à un pistolet qu’il avait à sa ceinture ; Juan-Baptista l’arrêta en lui disant :

— Y penses-tu ? Un pareil bruit à cette heure… et pourquoi ?… De ces deux oiseaux de nuit, un seul me suffit et je l’emmène.

— À moi, au secours ! cria Piquillo.

— Au secours ! répéta Pedralvi qui, de sa position élevée, se faisait encore mieux entendre.

— Au secours répétèrent le majordome, les garçons et marmitons du Soleil-d’Or, qui passaient la nuit à table, et qui se mirent aux fenêtres de l’hôtel, ou se précipitèrent dans la cour.

Mais, à ce bruit et à ce déploiement de forces inattendues, le capitaine et ses gens s’étaient éloignés, entrainant leur capture.