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Page:Scribe - Théâtre, 1.djvu/362

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ment, monsieur ?… (Ayant toujours l’air d’écouter.) Cependant, ce qu’il dit là est assez raisonnable… S’il savait quel bien il me fait !… Quoi ! monsieur, vous ne l’aimez pas ?… Ah ! j’ai bien envie de le croire… Que je vous réponde ?… Tout à l’heure… Vous voyez que c’est a moi de danser. (Elle danse toute une figure ; elle va en avant, traverse, et va à droite et à gauche, en tournant, le dos au spectateur : sur la dernière reprise elle s’arrête brusquement. La musique cesse : la contredanse est censée finie. Elle retourne à sa place, et fait la révérence pour remercier son cavalier. Elle s’asseoit toujours sur la même chaise, arrange sa robe comme pour faire une place à côté d’elle à Gustave ; puis a l’air de lui adresser la parole, et de continuer une conversation déjà commencée.) Vous êtes heureux… et moi donc !… Combien je suis contente que nous soyons raccommodés !… Vous ne savez donc pas qu’on voulait me marier ? et bien malgré moi, encore… Mais, tenez, le voilà cet anneau que vous m’avez donné, et ce qui me faisait le plus de peine, c’est qu’il aurait fallu le quitter.

GUSTAVE, douloureusement.

Pauvre Cécile !

CÉCILE.

Oui, il l’aurait bien fallu… Je vous aurais dit : Reprenez-le ; car, pour moi, je n’aurais jamais eu la force de vous le rendre.

GUSTAVE.

Ah ! malheureux que je suis !


AIR : Dormez donc, mes chères amours.

Hélas ! à son dernier désir
Je saurai du moins obéir.

(Il retire l’anneau du doigt de Cécile et le met au sien.)