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Page:Scribe - Théâtre, 11.djvu/486

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GERTRUDE.

De si bonne heure !

LE CARDINAL.

Il le faut, bien, les affaires, j’en suis accablé ; et puis, cela va mal, je n’ai pas d’appétit.

GERTRUDE.

Monseigneur a si bien dîné hier.

LE CARDINAL.

Je n’ai pas d’appétit ce matin ; et le mouvement, le grand air, me disposeront peut-être à déjeuner. On servira à mon retour.

GERTRUDE.

Oui, monseigneur. Mais votre éminence est dans un état de préoccupation qui m’inquiète.

LE CARDINAL.

Oui, oui, c’est vrai ; je rêve, je pense ; je ne suis pas dans mon état naturel ; et moi qui aime à digérer tranquillement, et sans que rien me tourmente, je me trouve, grâce au prince de Forli, mon neveu, dans un embarras dont je ne sais comment me tirer.

GERTRUDE.

Et comment cela ?

LE CARDINAL.

Imaginez-vous ; car je vous dis tout, ma bonne madame Gertrude, surtout quand ça va mal ; imaginez-vous que j’avais médité pour lui, depuis longtemps, un mariage magnifique, la nièce du cardinal Cagliari, qui est si influente au sacré collège ; car moi je ne pense qu’à mon neveu, et à son bonheur. Le cardinal me faisait nommer secrétaire-d’état, et au prochain conclave, en réunissant nos votes, que Dieu