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Page:Scribe - Théâtre, 11.djvu/506

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qui crient pour moi, et qui ne peuvent pas se faire entendre… le siècle est sourd.

LE PRINCE.

Et vous avez quelque antécédent, quelque recommandation ?

GUIMBARDINI.

Élève de Pergolèse, et je puis dire que Cimarosa m’a dû ses plus beaux ouvrages.

LE PRINCE.

Comment cela ?

GUIMBARDINI.

J’étais son accordeur de piano.

LE CARDINAL.

Voilà des titres.

GUIMBARDINI.

J’arrivais chez ce grand maître, et je lui disais : « Eh bien ! mon cher ; » car nous nous traitions sans façon… la familiarité du talent, « Eh bien ! mon cher, comment cela va-t-il ? — Cela ne va pas… je n’ai pas de chant… pas d’inspiration. Voilà un air del Matrimonio que je ne peux pas achever… » Je regardais le clavecin… je crois bien… trois cordes cassées… je retroussais mes manches (faisant le geste d’accorder un clavecin.) la, la, la, la, — allez, maintenant ; il s’y remettait, et trouvait son air… il en a dix comme cela, qu’il a composés à nous deux, mais j’en ai d’autres à moi tout seul… et si monseigneur voulait seulement en entendre un petit… un piccolo.

LE CARDINAL.

Volontiers.