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Page:Scribe - Théâtre, 11.djvu/534

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LE PRINCE.

C’est vrai, hier, cela m’était égal… mais, je te l’ai dit ce matin, depuis que ta vue a rappelé en moi des souvenirs…

GIANETTA.

Une femme que vous avez à peine vue, que vous ne reverrez jamais.

LE PRINCE.

Et c’est ce qui me désole. Sans cela, je ne dis pas. Mais, en attendant, j’aime à retrouver ces pensées, ces illusions qui m’occupaient près d’elle. J’aime surtout à me rappeler ce jour où pressant sur mes lèvres sa main qu’elle m’avait abandonnée…

GIANETTA, vivement.

Que vous aviez prise, monseigneur.

LE PRINCE, étonné.

Ô ciel ! qui vous a dit ?… je n’ai pourtant confié à personne…

GIANETTA, embarrassée.

Eh mais ! qui voulez-vous qui m’en ait instruit, si ce n’est elle-même ?

LE PRINCE.

Elle !… vous l’avez donc vue ?… vous la connaissez donc ?

GIANETTA, hésitant.

Puisqu’il n’est plus possible de vous cacher la vérité, puisqu’il faut avouer… eh bien ! monseigneur, cette ressemblance qui vous a tant frappé, ne vous a-t-elle pas appris ?…

LE PRINCE, vivement.

Quoi donc ?