Page:Scribe - Théâtre, 13.djvu/410

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LE COMTE, froidement.

Vous êtes la première !… et cela me donne la meilleure opinion de votre gravité… (À Alcée, qui est à sa droite.) Comment mon compagnon de voyage a-t-il passé la nuit ?

ALCÉE.

Fort bien ; mais ce pauvre Herman en a passé une bien mauvaise.

LE COMTE.

Je l’apprends comme vous à l’instant…

ALIX.

Mais hier, comment le saviez-vous ?

LE COMTE.

Je ne le savais pas, je le présumais, d’après son caractère connu !… Chez un tel homme, quand l’ivresse du vin se joint à celle de la fortune, et lui monte à la tête, il est facile de prévoir les suites : folie, ruine, désastre… C’est immanquable… l’on peut toujours à coup sûr tirer un pareil horoscope.

(Pendant que le comte parie à Alix, Reynolds, Christian et Henri vont se remettre à table.)
ALIX.

Quoi ! la raison seule et la prudence vous l’avaient fait deviner ?…

LE COMTE.

Oui, mademoiselle…

ALIX.

Oh ! alors, c’est bien moins curieux, et il n’y a plus rien d’extraordinaire.

(Le comte s’éloigne un peu et revient auprès du pavillon à droite.)