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LE CHŒUR.

Non, non. Que la pitié retienne
Ton glaive suspendu sur nous.
Épargne notre tête.

MASANIELLO.

Épargne notre tête. Écoutez : à vos coups,
Si j’eusse été vaincu, j’aurais offert la mienne…
Mais vous m’implorez à genoux,
Vous demandez la vie, allons, je vous la donne
Pontifes, magistrats, princes, relevez-vous !
Masaniello, le pêcheur, vous pardonne.
Laissez-moi.

(Ils sortent.)



Scène II


MASANIELLO, seul.


Laissez-moi. N’écoutant que ma juste fureur,
J’aurais peut-être dû les punir de leurs crimes ;
Mais ce meurtre sans fruit eût souillé leur vainqueur !
Nos soldats furieux ont fait trop de victimes…
Je ne sais quel dégoût s’empare de mon cœur.
Les lâches ! ils dormaient courbés sous leurs entraves ;
J’ai dit : réveillez-vous ! je les ai délivrés,
Et de sang aussitôt ils se sont enivrés :
Ma victoire en tyrans a changé ces esclaves !

AIR.


Ô Dieu ! toi qui m’as destiné
À remplir ce sanglant office,