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ELVIRE.

Dans vos maux, fille infortunée
Ma bonté fut votre recours ;
Et moi, dans la même journée,
Je viens implorer vos secours.
Je pris pitié de vos alarmes
Lorsque je vis couler vos larmes ;
Mes larmes coulent devant vous ;
Je vous vis, pour fuir votre chaîne,
Tomber aux pieds de votre reine,
Votre reine est à vos genoux !

FENELLA.


Elle ne peut vaincre son émotion ; elle les repousse encore, mais faiblement, et se détourne pour cacher ses pleurs qu’elle veut étouffer.

(Alphons et Elvire, qui s’aperçoivent de l’impression qu’elle éprouve, se rapprochent d’elle et redoublent leurs instances avec un accent plus touchant.)

ENSEMBLE.


ALPHONSE.

Du sort qui nous opprime
Que je sois seul victime !
Seul j’ai commis le crime
Dont tu veux la punir.

ELVIRE.

Arbitre d’une vie
Qui va m’être ravie,
À ma voix qui supplie
Laissez-vous attendrir.

FENELLA.


Elle ne peut résister à leurs prières ; elle fait un violent effort sur elle même, saisit leurs mains, et jure de les sauver ou de mourir avec eux.

(On entend du bruit ; Masaniello sort de la porte à droite ; Alphonse saisit son épée.)