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revenir au monde, Dieu sait souvent quel accueil on leur ferait ! »

MADAME DE BLANGY.

Quelle indignité !

M. DE COURCELLES.

Ce n’est pas moi, madame, qui dis cela, c’est La Bruyère, et vous voyez donc bien…

MADAME DE BLANGY.

Je vois, monsieur, que vous êtes le cœur le plus froid, le plus égoïste, le plus insensible…

M. DE COURCELLES.

Insensible ! non pas, et vous le savez bien ; car long-temps avant qu’Édouard, votre mari, s’offrît à vos yeux, je vous aimais déjà ; c’est même moi qui vous l’ai présenté comme mon meilleur ami, confiance qu’il a reconnue en se faisant aimer de vous.

MADAME DE BLANGY.

Ce n’était pas sa faute.

M. DE COURCELLES.

C’était peut-être la mienne ?

MADAME DE BLANGY.

Ce pauvre Édouard !

M. DE COURCELLES.

Il me semble que, dans cette occasion-là, il n’était, pas le plus à plaindre ; aussi depuis ce temps, j’ai pris en haine les grandes passions ; j’ai prudemment battu, en retraite, moi qui ne pouvais vous offrir qu’un amour raisonnable, et jamais je n’aurais pensé à faire revivre mes anciennes prétentions, s’il ne s’agissait aujourd’hui de vos intérêts.