Page:Scribe - Théâtre, 15.djvu/482

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M. DE BUSSIÈRES.

Ç’est comme moi, le bonheur ne me semble plus possible, je n’y crois plus, même quand il existe ; et tout à l’heure, pendant que nous formions ces projets si séduisans, je ne sais quelle voix intérieure me disait que l’instant d’après devait les détruire.

MADAME DE BLANGY.

Vous croyez donc comme moi aux fatalités, aux pressentimens ?

M. DE BUSSIÈRES.

J’ai tant de raisons d’y ajouter foi. Tenez, madame, la veille du jour où elle est tombée malade…

MADAME DE BLANGY, distraite.

Qui donc ?

M. DE BUSSIÈRES.

Hortense…

MADAME DE BLANGY.

Pardon !

M. DE BUSSIÈRES.

J’étais près d’elle dans un bal charmant ; elle venait de danser avec un autre, et à ce sujet-là même nous avions eu une querelle…

MADAME DE BLANGY, d’un air satisfait.

Ah ! vous vous disputiez donc quelquefois ?

M. DE BUSSIÈRES.

Nous nous aimions tant ! Et puis, elle avait un peu de coquetterie, bien innocente sans doute ; car elle était si bonne ! Et me voyant sombre et rêveur, poursuivi de je ne sais quelle vague inquiétude… elle me disait, en me pressant la main : Édouard ! Édouard !…